Portrait – Cameron, graine d’acteur

Le jeune ado qui débute une prometteuse carrière de comédien a décroché le premier rôle dans un long-métrage au cinéma. Entre les castings, les cours au collège et les tournages, sa vie n’a rien d’un long fleuve tranquille. De Château-Thierry à Stains, itinéraire d’un surdoué qui n’a pas le temps.

© Dragan Lekic

Si loin, si proche. Cannes, tapis rouge. Salles obscures, box-office. Césars, pop-corn… Si loin, si proche. Pénétrer dans cet univers est une gageure pour les gens « qui ne sont rien ». Rejoindre cette « grande famille » du cinéma français sans être un « fils de » tient souvent au miracle, ou au destin. Pour Cameron – « Sans “e” » comme Cameron Diaz » -, la célèbre actrice américaine, celui-ci était dessiné avant même sa naissance. Mais, après plusieurs échecs successifs, il décide de remiser ses rêves au placard, un coup de pouce du destin salvateur le place enfin sur le bon chemin.

LES YEUX REVOLVER
Stanois de père en fils, sa grand-mère y travaille encore aujourd’hui, le petit Cameron est né à l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis. Mais il n’a même pas six mois quand sa mère l’emmène vers d’autres contrées, dans l’Aisne à Château-Thierry, ville natale de… Jean de la Fontaine ! Et c’est au ciné-théâtre Jean-Cocteau, érigé en 1899, que Cameron a ses premiers émois de cinéma. Alors tout juste âgé de huit ans, il croise par hasard à la sortie d’une séance un agent artistique qui l’aborde fasciné par la profondeur du bleu de ses yeux.

Son agence, basée à Paris, est spécialisée dans l’accompagnement des jeunes talents. Mannequinat, pubs, figuration… Cameron enchaîne les castings mais échoue régulièrement lors de la dernière étape. « Au bout d’un certain temps, j’avais envie d’arrêter. Mais finalement, je n’ai pas lâché l’affaire et j’en suis heureux ! »

« C’EST UN MONDE MALSAIN »
« Se rendre disponible pour des castings lorsque l’on habite à près de 100 bornes de Paris, cela demande une certaine organisation », confie sa mère dans un sourire. Employée dans la vente et la restauration, celle-ci a vu sa vie chamboulée par la carrière naissante de son fils. Pour les mineurs, les castings se déroulent généralement les mercredis et samedis, mais il arrive parfois de répondre à un rendez-vous presque du jour au lendemain et de devoir poser un congé au débotté ou rater des cours.

« J’avais déjà prévenu mon patron quand je travaillais en boulangerie, mais un jour il a refusé de me libérer alors que je devais emmener Cameron à un casting. J’ai donc simulé une gastro… » Il faut savoir persévérer pour tutoyer les étoiles ! Et c’est à l’issue de ce rendez-vous que le jeune comédien a décroché pour la première fois un premier rôle au cinéma.

À l’école également les absences sont difficiles à faire passer. « La proviseure de son collège bloque systématiquement, elle m’a dit un jour “ c’est un monde malsain”, alors que les tournages sont étalés pour éviter de rater trop de cours ». Malgré de très bonne notes, Cameron a donc dû batailler pour pouvoir se libérer. C’est son agent qui a entrepris les démarches directement auprès du rectorat.

SEULS TWO
Moi vivant, vous ne serez jamais mort, réalisé par Baptiste Debraux, sera donc le premier film avec Cameron à l’affiche. Et s’il a décroché le premier rôle, c’est en partie grâce à sa ressemblance avec Pierre Lottin, que l’on a pu voir notamment dans Les Tuches. Dans le film qui sortira cet automne en salle, Cameron interprète le personnage de l’acteur dans son enfance. Le tournage s’est achevé cet hiver, mais la graine de star a déjà un autre projet en cours : il a décroché un autre premier rôle dans une nouvelle fiction fantastique produite par Amazon. Tout s’enchaîne donc parfaitement pour lui qui se voit dans ses rêves les plus fous partager l’affiche avec ses idoles Éric et Ramzy. « Partis de rien, on arrive à ce qu’on vise ».

• M.B.

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