Portrait – Aldjia, la passion de la couture japonaise

Alidja, stanoise de 48 ans, pratique la couture japonaise. Un art qui lui permet de créer des carnets personnalisés qu’elle réalise au sein de l’atelier créatif La Petite boutique.

© Dragan Lekic

Fil vert dans une main et bloc de feuilles perforées dans l’autre, Aldjia fait attention à bien le passer dans les trous. En haut, en bas, puis sur le côté. Le visage concentré et malgré son tremblement, elle s’applique dans sa démonstration pour réaliser un carnet. Cette stanoise de 48 ans pratique la couture japonaise au sein de l’atelier créatif La Petite boutique, rattaché à l’Ésat (Établissement et service d’aide par le travail), structure qui permet aux personnes en situation de handicap d’exercer une activité professionnelle dans un milieu protégé.

« Une passion » pour elle découverte en 2016 via un artisan relieur. « Ça m’a tout de suite beaucoup plu. C’est une activité qui me fait du bien et qui m’apaise, explique Aldjia. J’ai voulu continuer au sein de l’atelier où je fais tous les jours des carnets, deux ou trois en général. » Le papier dont elle se sert pour les réaliser provient des ateliers de façonnage de l’Ésat, où elle passe aussi plusieurs jours par mois.

« La couture, c’est vraiment son truc, elle adore ça ! Les carnets sont confectionnés avec différents types de papiers. Des fins, cartonnés, coupés, dans des tailles différentes », complète Ophelie Esteve, monitrice d’art créatif sur la structure, qui travaille chaque jour à l’atelier avec un petit groupe d’usagers du lieu. Avant de se lancer dans la confection de ses carnets, Aldjia sélectionne avec attention la couleur du fil qu’elle va choisir.

Puis, elle « compte le nombre de feuilles perforées, que je coince avec des pinces. Ensuite, je passe le fil, qui doit être suffisamment épais pour qu’il soit résistant. J’ajoute des perles au fil et je fais des nœuds. À la fin, il ne reste plus qu’à dessiner sur la couverture », détaille-t-elle. Ses carnets, tous uniques, sont proposés à la vente au sein de l’atelier, comme toutes les autres créations des artistes de l’Ésat. Un lieu qu’affectionne particulièrement Aldjia : « J’aime être à la boutique pour être avec les autres, faire des activités manuelles et artistiques. »

DES ATELIERS POUR TRANSMETTRE SA PASSION

En plus de faire de la création, la stanoise anime des ateliers depuis plusieurs années. Une manière pour elle de transmettre sa passion : « Ça me procure une émotion. Et quand j’apprends aux autres, je suis valorisée, mise en avant et en valeur ». Des ateliers animés dans plusieurs lieux et avec différents publics : des adultes par exemple, comme il y a quelques semaines au sein d’une entreprise de La Défense, mais aussi auprès d’enfants, âgés de huit ans minimum, dans diverses médiathèques de Plaine Commune.

Des ateliers sont également menés à l’occasion de l’exposition annuelle de la Petite boutique au sein de l’Adada, galerie associative de Saint-Denis où sont exposés toutes les œuvres. La liste pourrait être longue… « C’est difficile de donner un chiffre. Elle a animé beaucoup d’ateliers, ajoute la monitrice d’art créatif. Dès qu’il y a une sollicitation, on y va. Après, quand on se déplace pour faire les ateliers, ça veut dire que l’on doit fermer la boutique, car je ne peux pas être avec les autres, et en même temps accompagner Aldjia, ajoute Ophelie Esteve. C’est pour cela qu’on voudrait un lieu plus grand à Stains, où il serait possible pour elle de faire ses ateliers dans une salle et que les autres continuent dans une autre, par exemple. »

Et cette envie de transmettre remonte à plusieurs années pour la Stanoise passionnée. « Dès que je l’ai rencontrée, elle a exprimé le souhait de devenir formatrice, sans forcément savoir de quoi. Quand elle a découvert la couture japonaise, ça a été une évidence que ça allait être dans ce domaine », poursuit la monitrice. Une belle façon de valoriser son savoir-faire et de briller dans cette activité, trop peu connue du grand public.

• MAËLLIS ORBOIN

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