MARIA LUZ, UNE VIE ENTRE LES LIGNES

En 2022, cette Stanoise avait publié son premier conte, après 30 années à accumuler des cahiers d’écriture. Cet été, Maria Luz récidive avec deux sorties littéraires : une histoire de bandits au grand-cœur et un roman policier. Portrait d’une femme toujours à la page.

C’est peu d’écrire que Maria Luz adore parvenir au bout des lignes. Celles d’abord des transports en commun franciliens qui la mènent, cinq jours sur sept, de Stains au 13e arrondissement de Paris où elle exerce son métier de technicienne de laboratoire. Et puis, il y a les lignes, innombrables, que cette énergique quinquagénaire noircit sur ses carnets d’écriture au fil des cahots du métro ou du bus : « C’est simple, raconte-t-elle, pendant mon heure de trajet, j’écris, j’écris… »

Et, pas vraiment la liste des courses pour le lendemain ! Son sacerdoce de la plume en bandoulière, elle a accumulé dans les tiroirs et les placards de sa résidence du quartier du Globe, des kilomètres de contes, romans ou autres nouvelles.

Parce que Maria Luz A.T. – son nom d’auteure – s’est depuis toujours ou presque rêvée en écrivaine. En vain. Jusqu’à présent, les éditeurs de Paris ou de Navarre ont toujours retoqué les envois de cette Stanoise aux origines ibériques revendiquées. « Mais, je n’ai jamais désespéré, je sais que dans le milieu de l’édition, si vous n’êtes pas recommandé ou « fils ou fille de », vous avez peu de chances d’y arriver.

À chaque fois d’ailleurs, on me répond que ce que j’écris est intéressant, mais que ça ne correspond malheureusement pas aux styles des lecteurs de la maison… »

UNE PROMESSE À TENIR

Pourtant, elle n’a jamais cessé d’essayer, d’abord et avant tout parce qu’elle en avait fait la promesse à sa mère -décédée en 2021- de mettre un jour son nom tout en haut d’un ouvrage plein de pages : « Maman était ma première lectrice, elle croyait en ce que je faisais, rêvait que je sois éditée. »

Rêve et promesse réalisés l’été dernier lorsqu’à 56 ans, elle publie un premier conte intitulé « La princesse pirate » grâce à Books on Demand, un système de publication de livres basé sur l’impression à la demande qui ne lui « coûtera finalement que 19 euros. » La payant même de nouvelles certitudes à propos de son talent d’écriture. « J’ai eu de très bons retours et j’ai même des enfants qui, à la Médiathèque de Stains, ont adoré que je leur lise mon histoire. Ils n’arrêtaient pas de me poser des questions sur mon récit autour d’Alwilda de Gotland, la femme pirate qui s’habillait en homme… C’était un vrai moment de partage. »

De quoi l’encourager à publier cet été coup sur coup La jeune fille et le brigand, un récit historique autour de l’itinéraire de bandits de grand chemin, mais au grand coeur dans l’Andalousie du XIXe siècle et Maty H, détective privé. Un roman policier qui se déroule dans le Paris d’antan où elle est née avant de rejoindre Stains à l’âge de l’école primaire.

UNE « FIÈVRE » DE PUBLICATIONS

Après cette plage de pages estivales, la Stanoise projette déjà de sortir autour de Noël, deux autres tomes d’un roman historique sur le thème des bandits de grand chemin, une réminiscence d’étés passés à visiter le musée des détrousseurs de fortunes à Ronda, non loin de Malaga. « Moi, j’ai besoin d’écrire pour me détendre, clame-t-elle, comme d’autres peuvent le faire en allant à la piscine.

Ensuite, si je peux faire plaisir à quelques personnes grâce à mes écrits, ça me rend très heureuse. » Ce sera peut-être une manière pour Maria Luz de retrouver le goût quotidien d’écrire « perdu après le décès de ma mère. » Alors, elle pourra, dans les transports ou confortablement installé avec sa chienne Sandy – « à la maison, elle ne me quitte jamais lorsque j’écris » – sur les genoux recommencer à tourner des pages où elle glisse parfois quelques éléments de décor stanois au gré d’un chapitre.

« Forcément, Stains, c’est ma ville, mes repères, alors ça m’arrive d’y faire référence, comme lorsque je décris les ex-salles de classe de Maurice – Thorez où j’ai fait une partie de ma scolarité. Mais, il n’y a pas que ça… » Le reste, on vous laisse le découvrir – comme les illustrations qu’elle réalise elle-même – en vous plongeant dans ses ouvrages, car contrairement à Maria Luz, nous venons d’arriver au bout de notre page !

• FRED LAURENT

© Dragan Lekic

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