Portrait – Trois mousquetaires au service du sport pour tous

Il n’y a pas assez de place dans cette seule page de votre journal pour décrire toutes les souffrances subies par les êtres humains vivant en Palestine occupée, dont nos amis du camp de réfugiés d’Al’Amari, ville jumelée avec Stains.

Alors, Stains actu, a décidé de mettre ces visages, ceux de Qusai, Shahd et Hassane (de gauche à droite), des résistants qui ont choisi le sport contre l’oppression grâce au projet de la FSGT et de la ville. Rencontre avec ces trois hôtes d’exception.

© Dragan Lekic

«La Palestine est sous occupation, à Al’Amari la vie est dure mais par le sport on peut résister et vous, Stanois, vous nous y aidez, nous vous remercions infiniment pour votre soutien ».

Hassane, 37 ans, est l’aîné des trois animateurs sportifs qui passent quelques jours à la Maison de l’amitié dans le cadre d’un projet international de la FSGT auquel la ville de Stains s’est jointe depuis le début en 2021.

Anne, directrice FSGT Palestine depuis mai 2020 parle de cette mission France avec entrain : « Nous avons actuellement des délégations, à peu près une trentaine d’animateurs, dans les 11 villes partenaires à travers la France avec qui nous travaillons pour développer le sport pour tous dans les camps palestiniens ».

Les Palestiniens ont, avant de se dispatcher aux quatre coins de la France, participé à un séminaire de pratiques pendant 5 jours à Vitry-sur-Seine. « Nous avons découvert de manière approfondie certains sports, comme l’ultimate, que nous souhaitons développer chez nous, » s’accordent les trois hôtes. Anne, ajoute : « en effet, notre objectif premier est de former des animateurs sur quatre sports : le volley, l’athlétisme, l’ultimate et le handball, pour qu’ils puissent en faire bénéficier toutes les catégories de personnes dans les camps. » Mais nos hôtes n’en sont pas restés là.

« Depuis que nous sommes à Stains, nous avons pu visiter de magnifiques lieux, comme le Parc des Princes. Mais aussi rencontrer les acteurs du sport stanois. Nous avons, par exemple, bénéficié d’une séance de boxe anglaise et nous sommes tous d’accord que nous devons faire entrer ce sport dans nos camps. » « Il permet de décharger sa colère mais aussi de maitriser ses émotions, » tient à ajouter Shahd, une jeune fille de 22 ans.

Dans son regard bienveillant, on comprend très vite son amour du sport. Joueuse de volleyball et amatrice de ping-pong et de tennis, elle suit des études dans le sport à la fac et rencontre Hanna, une escrimeuse de renom, qui lui parle de ce projet avec la FSGT. « J’avais envie de m’investir et je me suis engagée en me disant que cela pourrait aussi servir ma carrière pour encore mieux servir notre cause » est déterminée Shahd.

« Les bons cerveaux sont dans des corps sportifs », le traducteur n’est pas certain d’avoir retranscrit parfaitement ce proverbe arabe que la jeune fille a employé pour expliquer son engagement. Mais l’expression française « un corps sain dans un esprit sain » s’en rapproche et qui pourrait contredire cette évidence !

À côté d’elle, Qusai, 19 ans, qui vit à Al’Amari, est champion d’escrime de Palestine. « Je voudrais aller plus loin dans ma pratique sportive, mais mon pays n’est pas autorisé à participer aux compétitons internationales. Donc, j’ai souhaité m’investir dans ce projet pour développer nos compétences et les partager avec les enfants de notre camp. »

Hassane, ancien footballeur de l’équipe nationale, renchérit : « Oui, nous devons travailler avec les enfants, ils sont l’avenir et on ne doit pas les abandonner. Le motif de mon engagement, il est là. Je dirai même que c’est mon devoir. Nous avons des structures sportives mais nous manquons de matériel et d’expertise qu’ici vous avez accepté de partager. »

L’homme aux yeux vert clair et souriant est entraineur de foot mais il veut aller plus loin. Comme toute la délégation et ses partenaires : « Avant notre départ, nous avons rencontré le maire d’Al Amari pour lui présenter nos ambitions de toucher d’autres publics comme les personnes porteurs d’handicap et les femmes. » Anne sourit en entendant cette phrase et acquiesce. Elle sait que le chemin sera long, mais il est déjà bien avancé, et il est passé et repassera par Stains. Un pour tous et tous pour un !

• CAROLE SAPIA

© Dragan Lekic
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