Solidarité internationale – Le sport qui rassemble

Depuis trois ans la FSGT, Stains et le camp de réfugiés d’Al -Amari en Palestine développent un projet autour du sport. Après une première phase réussie, ce dernier est reconduit pour trois années supplémentaires.

Le sport ne se résume pas à gagner ou à perdre. Ce dernier est sans doute un vecteur d’émancipation, de bien-être, d’intégration, de santé et en Palestine, il prend une dimension de résistance : exister par le sport. Fidèle à ses valeurs, la FSGT nationale a décidé de lancer un vaste projet autour de la pratique sportive en permettant aux habitants des camps de réfugiés en Palestine, mais aussi aux collectivités jumelées avec ces derniers, de s’impliquer dans un vaste projet.

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« Démocratisation de l’accès au sport émancipateur pour tous et toutes avec le camp de réfugiés d’Al-Amari ». Ainsi, en 2020, la FSGT 93, la ville de Stains et Al-Amari (jumelé avec Stains) se sont engagés dans un échange socio-sportif. Le trio a lancé un projet sur trois ans. Ce dernier est financé en partie par l’Agence française de développement (AFD) et la Délégation pour l’action extérieure des collectivités territoriales (DAECT), relié au ministère de l’Europe et des affaires étrangères. « Ce projet existe dans de nombreuses villes en coopération avec des camps en Palestine. La FSGT a souhaité par ce projet accompagner les Palestiniens dans l’acquisition de techniques et d’outils afin de permettre une pratique sportive au sein des camps qui vivent d’atroces injustices. Handball, volleyball et athlétisme ont été les disciplines travaillées. À l’avenir, le rugby et la boxe viendront élargir les pratiques. Nous nous sommes rendus sur place à trois reprises afin de mettre en place une formation animée par un  professeur de sport, Jonathan Alves, explique Favella Himeur, chargée de développement à la FSGT 93. Nous avons été à la rencontre d’associations et des familles. L’idée est de contribuer à la démocratisation des activités physiques et sportives pour tous à Al-Amari, à la création d’un cadre d’échanges de pratiques entre les populations stanoise et palestinienne et à la mise en place d’une politique sportive dans le camp de réfugiés. De continuer dans la lancée des projets portés par Stains sur place ».

UNE CERTIFICATION EN COUR D’ÉLABORATION

Depuis le lancement du projet, des stages et formations ont été réalisés par des animateurs sportifs de la FSGT en lien avec des animateurs sportifs d’Al- Amari au sein du camp mais aussi à plusieurs reprises à Stains avec différents acteurs sportifs locaux. Les valeurs de l’éducation populaire régissent le projet : former et transmettre en continue. Les stagiaires d’aujourd’hui deviennent les formateurs de demain. Une certification est en cours d’élaboration avec l’objectif d’une réelle professionnalisation de ces derniers.

« L’idée que nous portons est de transmettre tous les outils nécessaires au développement de la pratique sportive au sein des camps. Une quinzaine d’animateurs sur site a été formés. Des sessions de formation en visio se déroulent encore deux fois par mois. Nous sommes en échanges continus. Les coordinateurs sur site nous font des retours sur les journées d’animation qu’ils mettent en place. Environ deux fois par semaine, notamment en direction des enfants qui ne vont plus à l’école depuis le 7 octobre. Par ailleurs, le projet se veut inclusif en y intégrant une grande place aux porteurs de handicap avec la volonté de voir émerger une pratique partagée : valides et porteurs de handicap », précise Favella. Un projet plein d’espoir et porteur de valeurs humanistes, qui a le mérite d’exister dans un contexte de guerre.

TÉMOIGNAGE

Kinane Mojahed, ANIMATRICE SPORTIVE

« J’ai 21 ans, je suis étudiante en gestion médicale à l’université de Ramallah. Je viens d’intégrer l’équipe d’animateurs du camp. J’ai entendu parler du projet grâce aux réseaux sociaux. En effet, je surfais sur mon Facebook et j’ai vu de belles photos de sourires d’enfants. N’ayant pas eu la chance de vivre une telle aventure à leur âge, ces animations portées par de jeunes animateurs comme moi, m’ont poussé à m’impliquer. Ce projet a changé les idées reçues que j’avais sur le sport. En tant que fille, j’y ai trouvé ma place. J’ai renforcé la confiance en moi. Grâce à ce projet, nous avons réussi à changer la représentation sur le sport et nous avons prouvé que les filles étaient aussi capables d’être de bonnes animatrices tout comme les hommes. Malgré toutes les difficultés qui sont liées à l’occupation, nous nous sommes adaptés et nous continuons notre engagement. Il est essentiel de toujours garder espoir pour un avenir meilleur surtout que ce projet nous permettra non seulement d’être formés par de très bons formateurs français (Jonathan et Favella que j’aimerais rencontrer bientôt), mais aussi de voyager et de promouvoir la culture sportive dans la population d’Al-Amari. Merci beaucoup à nos amis de Stains et à la mairie pour ce magnifique projet. On ne lâche rien, paix et justice pour la Palestine ».

Hassanain Romanah, COORDINATEUR SPORTIF

« Je suis coordinateur du projet « Sport pour tous et toutes » mis en oeuvre au camp de réfugiés d’Al Amari par la ville de Stains en partenariat avec la FSGT. Malgré toutes les difficultés et contraintes liées à l’occupation israélienne, nous, animateurs avons décidé de défier l’occupation en faisant preuve de résilience et en continuant de faire des animations sportives au profit des enfants, malgré les incursions et les arrestations quotidiennes. En tant qu’animateurs, notre mission est de faire sourire les enfants à Al-Amari. Nous nous disons que rester c’est résister ! Nous resterons ici, quoi qu’il arrive. Nous ne quitterons pas notre terre, car le peuple palestinien aime la paix, la vie, et le sport comme les autres peuples du monde entier. »

R.H.

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