Solidarité – Yaya, un collégien Stanois à la rue

Quelques jours avant les vacances d’hiver, la rédaction de Stains actu a été contactée par des professeurs du collège Pablo-Neruda au sujet de l’histoire de Yaya, un collégien mis à la rue, livré à lui-même.

© Julien Ernst

Un récit personnel, une histoire singulière mais tellement universelle… Yaya est un jeune, scolarisé au collège Pablo-Neruda dans un cursus adapté à l’apprentissage pour les primo-arrivants, qui était logé dans un foyer de l’Aide sociale à l’enfance (Ase) depuis quelques mois.

« Yaya est un élève modèle très assidu et motivé au sein de la classe. Nous avons découvert son histoire le jour où il s’est retrouvé à la rue » nous raconte une de ses professeurs très émue. À ses côtés, le jeune homme accepte volontiers de nous raconter dans les grandes lignes son parcours. « Je viens de Côte d’Ivoire. Je vivais seulement avec ma mère. Nous étions installés chez mon oncle. En contrepartie, il me forçait à travailler aux champs. Les journées étaient longues et fatigantes. Mais le plus difficile était de subir les colères et la violence de cet oncle qui n’hésitait pas à me battre. J’ai même été gravement blessé aux jambes » se remémore le garçon avec beaucoup d’émotion.

Bravant tous les dangers, Yaya décide de fuir pour survivre et de prendre le chemin de l’exil malgré son jeune âge. Il entreprend alors un long périple pour rejoindre la France afin de poursuivre des études et se construire une vie meilleure. Non sans difficulté, après avoir traversé plusieurs pays, il arrive en France et la Croix rouge l’oriente vers l’Ase, qui le prend en charge et lui trouve une place dans un foyer.

Sa vie se stabilise et il commence à vivre comme n’importe quel adolescent. Mais une procédure d’expulsion du foyer est lancée à son encontre : on lui reproche d’avoir menti sur son âge, notamment à cause d’une « coquille » sur les papiers qu’il présente. Aucune analyse médicale n’a été faite, comme par exemple, un test osseux. Yaya n’a donc pas eu d’autre choix que de quitter le centre d’hébergement. Il se retrouve alors à la rue et sans ressources. Peu importe la présomption de minorité ? Un collégien est seul et sans abris.

Il n’en fallait pas plus pour que ses professeurs et des surveillants décident de se mobiliser. « Choqués, révoltés, nous avons décidé, avec le soutien de la direction de l’établissement, d’accompagner Yaya. Une cagnotte a été mise en ligne. Nous avons ainsi réussi à financer quelques nuits d’hôtel. Nous avons aussi accompagné Yaya au consulat de Côte d’Ivoire afin d’entreprendre des démarches… » expliquent les professeurs qui se réjouissent d’avoir pu joindre sa mère pour qu’elle obtienne de nouveau les papiers nécessaires sur place.

Aujourd’hui, Yaya et ceux qui l’accompagnent utilisent le « système D » pour qu’il puisse être logé. La solidarité des uns et des autres lui permet de tenir le coup. « Je remercie tous ceux qui m’aident », confie Yaya visiblement ému.

En attendant la procédure en cassation, l’adolescent continue de suivre ses cours avec détermination, épaulé par ses professeurs et des surveillants, en attendant un dénouement que l’on espère positif.

• R.H.

Cagnotte Lydia en soutien à Yaya : https://lydia-app.com/collect/33129-soutien-a-un-jeune-isole/fr

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