Portrait – Stéphane Javelle, ça « samba » et ça revient !

Ce « pur » Stanois, parti dans les années 1990 au Brésil pour y poursuivre une carrière de peintre-décorateur et d’artiste, est de retour dans sa ville natale.

Début octobre, il a accroché une série de dix-sept toiles au Studio théâtre. Des oeuvres inclassables, comme lui. Rencontre.

© Julien Ernst

« Ah oui, mon expo n’a pas vraiment de nom, mais ce n’est pas ça le plus important ! » Lorsqu’on fait remarquer à Stéphane Javelle que la série de dix-sept toiles qu’il expose au Studio théâtre de Stains, depuis le 5 octobre dernier et la soirée d’ouverture de la saison, ne porte pas de titre, il ne se formalise pas. Pas vraiment son truc, le formalisme.

Il est libre Steph ! Libre dans sa tête, libre comme l’air, libre d’aller voir ailleurs lorsque ça lui chante.
Néanmoins, même si Stéphane Javelle est un artiste qui ne se réclame d’aucune école, d’aucune influence, on va quand même commencer par le début.

Donc pour Stéphane Javelle tout part de Stains en 1966 où il pousse son premier cri. Et bien d’autres encore, un peu plus tard lors de ses jeunes années du côté du Clos Saint-Lazare et ensuite dans le quartier André-Lurçat, au sein d’une famille où le paternel est chauffeur routier et transmet, peut-être, ainsi à l’un de ses fistons des envies d’horizons un peu plus larges que ceux de la banlieue parisienne.

En tout cas, Stéphane grandit, fait plus ou moins les 400 coups, mais surtout se prend de passion pour le dessin, l’art, la peinture. Tout ça en vrac : « L’école, ce n’était pas vraiment mon truc, mais peindre oui, je peignais là où je pouvais et même sur la voiture de l’un de mes potes de l’époque », se souvient-il en se marrant.

Déjà en roue libre, il enchaîne quand même quelques cours dans différentes écoles artistiques et va jusqu’à passer le concours des Beaux-Arts où le jury ne saisit pas franchement l’étendue de son talent. Sans compter que Steph’n’est alors pas trop le genre à se « vendre » devant un jury.

« LE BRÉSIL, UN PAYS MERVEILLEUX »

Rassurez-vous depuis, il s’est -un peu- discipliné. Par exemple lorsqu’on lui demande de décrire son art et ses inspirations. Évidemment, la question est bateau mais la réponse vous embarque un peu loin : « C’est difficile à dire, mais disons que mes toiles peuvent être un peu sombres. Ou joyeuses, ça dépend de mon humeur du moment, en fait. C’est souvent assez torturé, mais c’est à mon image, je suis sans filtre. Je n’interprète pas de personnage », confesse-t-il.

Enfin, il a quand même un peu joué l’homme de Rio pendant presque une trentaine d’années puisqu’il a rejoint la mégapole brésilienne en 1993 pour ne la quitter qu’en 2021 au moment de retrouver Stains et le foyer familial de sa jeunesse. « Je suis revenu parce que c’était le moment et j’avais envie de retrouver la France, mon père, ma famille et de mener ma carrière d’artiste de ce côté de la planète. En tout cas, j’ai connu un pays merveilleux où c’est un peu le Far-West, mais qui sait donner sa chance à ceux qui savent la saisir, et aussi pas mal d’énergie. »

Au Brésil, Stéphane Javelle a donc mené une carrière de peintre-décorateur : « Je faisais un peu de tout, je refaisais des maisons, voir des hotels de luxe. Et souvent des riches clients me demandaient de leur livrer une oeuvre dans leur salon, leur chambre, sur un mur d’un jardin. Ou alors, je leur vendais un tableau. Tout dépendait de leurs envies et du feeling qui passait entre nous… »

LE SOUVENIR D’UNE ENFANCE STANOISE ET HEUREUSE

Bref, partout où Stéphane Javelle peut poser son art et sa manière bien à lui de manier le bitume en poudre -une des composantes essentielles de ses peintures à l’acrylique, il le fait en toute liberté.

Et encore plus depuis qu’il est de retour à Stains avec sa compagne brésilienne et Léon, son fils de 13 ans. « Revenir dans ma ville d’origine, c’est aussi me replonger dans une enfance heureuse. Même si la ville a beaucoup changé, je ressens encore pas mal de solidarité qui a nourri mon enfance dans les années soixante-dix et au début des années 80. Et puis, je constate avec plaisir que Stains est aujourd’hui une ville où on défend la culture, les artistes. Et ça, c’est franchement appréciable lorsqu’on débarque d’un pays aussi gigantesque et étendu que le Brésil où c’est plutôt le règne du « avancer coûte que coûte ! »

Ici, on tend plutôt la main aux autres et c’est bien. J’ai trouvé « refuge » à la galerie Taches d’Art, un lieu propice à la création et aux rencontres. Ça, c’est l’héritage d’un peuple -les Français- qui ne s’est jamais laissé faire et qui est ouvert sur le monde, moi j’aime ça… »

Un peuple inclassable, en somme, tout comme Stéphane Javelle, qu’on vous invite, vivement et vraiment, à découvrir au Studio théâtre. Une œuvre bien sûr, mais aussi, vous l’aurez compris, un vrai « personnage » derrière.
Enfin, n’allons pas le fâcher : un personnage qui ne joue pas !

• FRED LAURENT

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