Portrait – Power D : Le pouvoir des mots

Power D sort un album, « 4×4 tout terrain », nous l’avons rencontré pour découvrir l’artiste et un peu l’homme. Entrevue.

© Dragan Lekic

Nous l’avions rencontré le 19 avril dernier lors de la soirée de sortie de son dernier album, 4×4 tout terrain. Après quelques échanges, il a été convenu de se revoir à la rédaction. Le gars a la dégaine. Bonnet sur la tête, « chaine en or qui brille, il ne craint degun », c’est avec ce style propre aux rappeurs des années quatre-vingt-dix, mais sans tomber dans la caricature, qu’il a poussé les portes de la rédaction, son dernier album en main.

Il est simplement un amoureux du beat et des rimes. Il écrit et rappe ses textes. Son parcours est une véritable aventure. Un périple fait de rencontres, de découvertes, parfois d’embûches, mais la passion reste intacte.

Stéphane, mieux connu sous le nom de Power D, rappeur stanois que « les anciens » connaissent depuis de nombreuses années, est né il y a 44 ans. Il grandit au Clos Saint- Lazare et y fréquente les écoles du quartier : la maternelle située sur l’allé Max-Jacob, l’école primaire Émile-Zola, avant d’aller au collège Maurice-Thorez puis un passage à Joliot-Curie.

C’est d’ailleurs en classe de sixième que l’artiste stanois se plonge dans l’art de tordre les mots, de les plaquer contre une feuille pour en faire naitre des textes pleins de sens. Il faut dire que c’est l’essor des groupes de rap comme NTM ou IAM qui inspirent le jeune qui rejoint alors le groupe Pro n Pas, la réunion de deux groupes stanois, qu’il forme avec des « potes du quartier ».

Ils enchainent les scènes ouvertes en ville, les Fêtes de la musique et le public les accueille très favorablement. « C’était une belle époque. Nous faisions avec les moyens du bord. Un vrai travail de passionnés » se souvient Powerd.

Au fil du temps, ils se perfectionnent, font évoluer leur art puis chacun prend un chemin différent, mais un album sort en hommage à tout le travail accompli, au chemin parcouru, titré On se doit de le faire.

Par la suite, Power D a, quant à lui, continuer son voyage artistique. En 2002 il termine un album solo dont seul un single est produit. « Je n’étais pas satisfait à 100 % du coup, je ne voulais pas le sortir mais ce n’était que partie remise » sourit l’artiste.

Le jongleur de mots veut perfectionner son verbe. En 2006, il sort son premier album produit par Atoll Music. Un opus dont il réalise quatre clips dans son quartier, au Clos. Ils seront diffusés sur des chaines spécialisées et ses sons tournent en radio.

Mais comme lors de chaque voyage, le rappeur fait une escale, il se lance dans la production d’artistes, du RNB, de la Dancehall ou encore du Zouk. Cette escapade lui permet d’enrichir son savoir-faire, de découvrir d’autres manières de travailler. Il se frotte à un autre domaine de l’industrie musicale. Rien d’étonnant, Stéphane aime découvrir, perfectionner les projets qu’il entreprend. Il est aussi un fan de séries et de films. Il aime les histoires et surtout lorsqu’elles sont bien racontées.

Attentif à ce qui se passe autour de lui, tout est source d’inspiration. Son métier de conducteur de bus lui permet d’observer la société et d’en tirer des récits à narrer en mélodie.

Power D prend un plaisir à s’enrichir pour toujours mieux servir sa passion qui reste l’écriture et les techniques de poser un texte pour toucher le vrai. Ainsi, son amour pour les textes frappe à nouveau à la porte.

En 2015, il décide de reprendre la plume et le micro et se plonge comme dans un bain de jouvence. Dix ans après son premier album, il sort un nouvel opus, C’est du Hip Hop. L’homme a pris de l’âge, fondé une famille et sa plume s’est affutée, affinée. « Je veux que mon travail soit collé à la réalité. Qu’il soit dans l’ère du temps mais sans jamais copier ou imiter un autre artiste. Je préfère rester moi-même. Ma démarche est plus artistique que commerciale. Aujourd’hui mes enfants, sont attentifs à mon travail. On retrouve l’un d’entre eux sur mon album Mordu du rap » insiste Powerd.

Le rappeur est une bête de travail, sa plume saigne en continu : en 2020 il sort encore un album Turn Up qui se veut un clin d’oeil à ses amis. Une production qui transpire la force des liens. En 2021, il récidive avec Mordu du Rap, une création faite aussi de nombreux « feat », le désir de partager est très présent chez l’artiste. Un prochain album est déjà en route en attendant, écoutez les précédents, visionnez ses clips : prenez un ticket sur la ligne Power D.

• R.H.

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