Mobilisation – Un billet contre le bruit

Stains fait partie des 130 villes d’Île-de-France participant à la consultation publique sur les nuisances aériennes demandant l’arrêt des vols de nuit.

Une nouvelle « escale » dans le combat que mène la municipalité depuis des années au nom de la santé de ses administrés. Les Stanois sont invités à y participer à partir du 11 mars notamment par le site de vote en ligne.

© Dragan Lekic

Qui à Stains n’a jamais été agacé par le bruit d’un avion dans son quotidien ? Interrompre une discussion quelques secondes ou remettre en arrière un film pour ne pas perdre le fil est une chose… Mais quand on y ajoute les conséquences sur la santé, s’en est une autre bien plus grave.

En effet, des études scientifiques démontrent que les nuisances sonores aériennes ont un véritable impact sur notre santé, en témoigne une tribune publiée en décembre 2023 dans les colonnes du journal Le Monde : « les Franciliens perdent jusqu’à trois années en bonne santé sous les couloirs aériens de Roissy… ».

Un des chiffres qui a convaincu la ville de Stains, mobilisée de longue date contre ces nuisances tant sur le plan sanitaire qu’écologique, de s’engager dans la consultation citoyenne, à laquelle 130 autres villes d’Île-de-France participent, demandant l’arrêt des vols entre 22h et 6h. Ainsi, à partir du 11 mars, les Stanois pourront s’exprimer sur ce sujet. « La pression citoyenne est la meilleure arme pour être entendu et obtenir la révision du Plan de protection du bruit dans l’environnement (PPBE) », s’accordent les organisateurs.

Conviction partagée côté municipalité et – ce- depuis des années. En effet, en 2017 la municipalité avait déjà exprimé son opposition au développement de ces nuisances en s’engageant dans une action juridique au côté de l’Association de défense contre les nuisances aériennes (Advocnar) qui visait à obtenir l’annulation du PPBE de Roissy-Charles-de-Gaulle (CDG) et l’adoption d’un PPBE pour l’aéroport de Paris-Le Bourget.

La commune a aussi affirmé son opposition au projet de terminal T4. En mars 2020, le maire Azzédine Taïbi, aux côtés de 105 élus franciliens, a cosigné un courrier au président de la République, « l’invitant à se mettre en cohérence avec ses propres discours et avec les engagements climatiques de la France en abandonnant ce projet d’extension de Roissy-CDG ».

NOUVELLE ESCALE

En effet, par arrêté inter-préfectoral du 8 juin 2023, l’État a adopté le PPBE de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle pour la période 2022-2026. Ce plan d’action vise à « évaluer, prévenir et réduire le bruit dans l’environnement ». Dans les faits, il n’en est rien : ce dernier ouvre la porte à une forte augmentation des nuisances avec une croissance à venir du trafic de l’ordre de 180 000 vols supplémentaires par an, soit l’équivalent du projet de Terminal 4, pourtant abandonné par l’État.

Une telle hausse de trafic se traduirait par une augmentation des nuisances sonores subies quotidiennement mais aussi une augmentation des émissions de gaz à effet de serre. C’est pourquoi la
municipalité s’est associée au recours en annulation du PPBE de Roissy déposé par l’Advocnar et l’association de citoyens Drapo, afin que soit remis en chantier un nouveau plan d’actions, intégrant des mesures de plafonnement du trafic aérien de jour comme de nuit. D’où l’importance de cette consultation citoyenne qui pourrait devenir un billet contre le bruit des avions.

• R.H.

MODALITÉ DE LA CONSULTATION

La consultation publique aura lieu du 11 au 24 mars pour les votes électroniques, sur le site de vote en ligne inclus pour les votes papiers.

Stains Actu publie le bulletin à découper (voir ci-dessous) que les Stanois peuvent ensuite déposer dans les urnes qui seront ouvertes en Mairie, au centre administratif Louis Pierna ou dans les trois Maisons pour tous.

MAIS AUSSI…

Le 19 mars 2020, l’association Collectif d’élus pour le climat contre le terminal 4 et 14 villes requérantes, dont Stains, ont déposé un recours gracieux contre le projet. Et la bataille a porté ses fruits. Il a été abandonné en février 2021.

130 villes dont Stains participent à la consultation publique contre les nuisances aériennes du 11 au 24 mars.

3 QUESTIONS À NAJIA AMZAL, ADJOINTE AU MAIRE À LA SANTÉ ENVIRONNEMENTALE

Quel est l’impact des nuisances aériennes sur la santé environnementale stanoise ?

Stains se trouve dans un couloir aérien et de nombreux spécialistes s’accordent à dire que les Franciliens perdent jusqu’à trois années de vie en bonne santé à cause du bruit des avions. Nous pouvons parler du bruit qui, en plus de la gêne occasionnée sur le quotidien et le bien-être des habitants, peut être la cause de bien d’autres maux.

Ce dernier joue sur le sommeil qui, comme nous le savons, son manque peut avoir de lourdes conséquences sur la santé. Nous pouvons évoquer aussi les émissions de gaz à effet de serre dans l’air qui ont aussi des retombées néfastes. Même si nous notons l’absence de véritables études scientifiques sur la question : il est démontré que la Seine-Saint-Denis affiche un taux d’espérance de vie plus bas en
comparaison du reste de l’hexagone tout comme un taux élevé de maladies respiratoires.

Nous pouvons donc nous questionner sur le lien qui peut exister entre ces nuisances aériennes et ces données. Cette question doit être véritablement prise en compte par les pouvoirs publics.

Qu’attendez-vous de cette consultation publique ?

Une consultation publique pour qu’elle soit crédible, il faut absolument qu’elle soit forte. Plus nous aurons l’appui des habitants plus nous serons dans un rapport de force avec les pouvoirs publics afin de déclencher une véritable prise en considération de nos demandes.

La question des nuisances aériennes doit être prise comme un sujet essentiel de santé publique. Nous devons donc être nombreux, élus et citoyens pour réclamer premièrement une prise en compte du
sujet et ensuite une loi qui permettrait de protéger les habitants notamment ceux qui subissent ces nuisances.

Nous sommes mobilisés depuis des années, nous continuons et continuerons. Un rassemblement est organisé par l’Association des villes qui sont engagées dans cette lutte mercredi 20 mars à 13h devant le Palais Bourbon.

Que diriez-vous aux Stanois pour les encourager à participer à cette consultation ?

Si nous voulons réussir à faire bouger les choses, nous devons être nombreux. Au regard du système gouvernemental actuel nous devons absolument créer un rapport de force et cela ne passera que
par une forte mobilisation afin d’être entendu.

• R.H.

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