L’éducation en perspective

À la Maison du temps libre, le 28 février, l’ex-président du tribunal pour enfants de Bobigny, Jean-Pierre Rosenczveig, a rappelé que l’éducation des enfants, comme des parents, est un enjeu essentiel pour mieux vivre ensemble.

«Droits de l’enfant, prévention de la primo-délinquance, parlons- en ! » C’était la question du soir, vendredi 28 février, lors d’une rencontre publique sur le sujet organisée à la Maison du Temps Libre. Face à cette vaste question, il y avait évidemment du répondant et de la carrure, celle imposante de Jean-Pierre Rosenczveig, ex-président du tribunal pour enfants de Bobigny de 1992 à 2014, aujourd’hui retraité, mais militant infatigable de la défense des droits des enfants.

Une expérience immense qui lui donne le droit de mettre les pieds dans le plat pour lancer le débat initié par le Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance et de la radicalisation : « N’oublions pas pour commencer que la délinquance des moins de 18 ans ne représente que 17 % de la délinquance globale, ce qui signifie que 83 % des actes de délinquance en France sont le fait d’adultes. » Première saillie et première salve d’applaudissements dans une salle Mahmoud Darwich comble.

débat droit de l'enfant a la MTL - Ville de Stains

© Julien Ernst

 

Auteur du livre récemment publié Les droits de l’enfant pour les nuls, le juge à la moustache blanche a l’art de captiver son auditoire. La salle l’écoute attentivement lorsqu’il déroule son argumentaire : « Le rôle de la justice, lorsqu’un enfant a commis une bêtise, c’est de créer les conditions pour que les choses changent, en aidant aussi les parents à mieux éduquer leurs enfants. Les parents doivent être crédibles face à leurs enfants et faire autorité. Et ça passe aussi par ‘‘apprendre à être parents ’’. »

Un discours que complète l’autre intervenant de la soirée Ahmed-Sadio Konaté, consultant spécialiste de la prévention des conduites à risques : « Face à un jeune qui a fait une bêtise, le sésame c’est le dialogue et la puissance des mots qui feront comprendre à ce jeune qu’il a des qualités comme tout le monde. » Des mots sur les maux, il y en eut beaucoup d’autres lors de cette soirée où Jean-Pierre Rosenczveig a encouragé les parents présents dans l’assistance à ne pas lâcher le combat quotidien de l’éducation : « Oui, il y a des inégalités sociales dans ce pays. Oui tout n’est pas forcément facile dans un contexte économique difficile, mais il ne faut pas baisser les bras. Seule la lutte peut rééquilibrer les choses. »

Pas étonnant que Jean-Pierre Rosenczveig préside aussi une association nommée Espoir… Des habitants, faisant partie du collectif qui a organisé récemment la marche contre les violences, ont acquiescé, et entre espoir et lutte, se sont donnés un nouveau rendez-vous vendredi 6 mars à la Maison du temps libre pour
continuer leurs actions.

FRED LAURENT

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