Hommage – Ils nous ont quittés
Djoudi, Joanna et Najat, trois Stanois aux valeurs fortes et très engagés au service de l’autre et du collectif se sont éteints, laissant toute une ville dans le deuil. Hommages.
Joanna Second
« Et si… ? Et si nous… ? » Ses mots résonnent encore. Joanna était très investie dans la vie de l’école et nous avons tous pu apprécier son dynamisme, son énergie, ses questionnements et ses propositions lors de l’organisation d’évènements.
Combien d’heures ou de dimanche passés à nettoyer le barbecue de l’école ? Combien de fous rires avons-nous eu, au café des parents ou en préparant les kermesses de fin d’année ? Joanna, c’était avant tout cette bonne humeur constante, cette joie de vivre qui nous donnait envie de sourire, cette attention particulière et ces jolis mots adressés à chacun.
Nous aurons, tous ceux qui l’ont connu, une pensée pour elle lors des moments conviviaux et de partage au sein de l’école.
À sa fille et à ses proches, nous souhaitons dire que nous partageons leur peine, et que la grande famille « Lurçéenne » sera toujours présente pour les soutenir et les épauler. La grande famille de la maternelle André-Lurçat.
Djoudi a marqué l’histoire de Stains
« Fatima était l’aînée de notre fratrie. Nous vivions rue de Saint-Ouen dans le quartier de l’Avenir. Chaque matin, elle m’emmenait en me tenant la main à la maternelle Jean-Jaurès avant de prendre le bus, le 142 à l’époque, pour aller dans son lycée à Saint-Denis. J’avais 5 ans et demi. Elle, 15.
Ce sont les dernières images que j’ai d’elle. Après je ne me souviens que de ma mère en larmes et qui priait sans cesse. Puis, le silence…Personne ne parlait du 17 octobre », Djoudi Bedar, un Stanois engagé qui s’est éteint il y a quelques semaines, a milité des années durant pour faire reconnaitre le massacre du 17 octobre 1961 en tant que crime d’État. « Mon seul souhait est celui-ci », Stains actu a retrouvé une interview qu’il nous avait accordé et partage des extraits en sa mémoire et en hommage.
Fatima, sa grande soeur, est la plus jeune victime de cette tuerie. « Ma soeur a été jetée à la Seine lors de cette manifestation pacifique contre l’instauration d’un couvrefeu pour les Algériens. Son corps a été retrouvé accroché dans une écluse. Mon père n’est rentré à la maison que le 31 octobre 1961 avec son cartable et sa montre arrêtée à 17h30. »
Cette lycéenne, enfant de notre ville, personne ne doit l’oublier. C’est pourquoi le maire Azzédine Taïbi a rappelé sa fierté que « le futur gymnase de la zone des Tartres portera le nom de Fatima Bedar, comme nous l’avions décidé avec Djoudi et sa famille ». « Fatima était Stanoise, elle avait 15 ans.
Il y a beaucoup d’autres victimes de ce massacre mais donner le nom d’une d’entre elles à un équipement public, c’est un geste fort pour combattre l’oubli de ces évènements qui ont été trop longtemps occultés. » Djoudi, Stains n’oubliera pas votre combat qui a marqué l’histoire de notre ville.
Najat, la solidarité à fleur de peau
Au Conservatoire de musique et de danse (CMMD), au coeur des Jardins familiaux, dans les Maisons pour tous, les écoles, les collèges… Najat Paisley manque déjà au paysage stanois de par son caractère, son sourire, sa soif de justice. Najat était un véritable personnage.
Elle est née à Azemour, au Maroc, entourée d’une fratrie qu’elle poussera toute sa vie à se dépasser à l’image de son frère qui est devenu grand maître d’échec et de sa soeur qui a réalisé son rêve d’Australie. Son mari, Elie, est guadeloupéen. Alors, qu’il lisait son journal fétiche Afrique magazine, il remarque plusieurs noms dans la rubrique Correspondance, dont celui de Najat. Quelques mois plus tard, il la rejoint au Maroc. Ils se marient le 10 décembre 1991 et gagne la France en bus. De là, ils fondent leur premier foyer à La Prêtresse à Stains.
De ce couple qui baigne dans la culture reggae naitra six enfants : Winda, Ophélia, Bob-Nesta, Stevy, Léryna et Wallycia. Winda, l’ainée, sera fauchée par un chauffard boulevard Maxime-Gorki à l’entrée de la ville. Un choc pour Stains, un drame pour cette famille et cette maman courage. « Après s’être sacrifiée pour ses frères et soeurs, elle l’a fait pour nous, raconte son fils Stevy. Quand elle donnait, elle donnait tout. C’était une héroïne.
Très engagée auprès des parents d’élèves délégués, elle avait à coeur de nous protéger, nous ses enfants, mais aussi tous les autres. Elle était très sensible à l’injustice. » Najat a été l’une des premières lanceuses d’alerte sur le harcèlement scolaire par exemple. Son sourire, ses foulards colorés, ses dreadlocks… quand Najat décidait de se faire entendre, elle le faisait.
« Parfois, on lui reprochait ce côté rebelle », confie son mari. « Mais elle lassait une partie d’elle à chaque personne qu’elle rencontrait », ajoute son fils. « Je la décrirais comme un rayon de soleil bien qu’elle nous a élevé avec une main de fer ». Entre ses nombreux voyages à travers l’Europe pour aller écouter des concerts, elle passait aussi beaucoup de temps à labourer, semer, récolter dans sa parcelle des Jardins familiaux au quartier de la Cerisaie à côté du pavillon où elle demeurait avec sa famille.
Une maison, dans laquelle la musique a une place primordiale et où le groupe Paisley band continuera de jouer et d’écouter du Bob Marley, du Lenny Kravitz et les Rolling Stones… Deux de ses enfants sont partis vivre à l’étranger en Corée du Sud et en Allemagne, « elle a poussé nos enfants dans de grands projets, sa disparition ne nous séparera pas, elle nous centralisera encore plus fortement », conclura Elie. Repose en paix chère Najat.
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