Fadila Laidi, une vie tournée vers les autres

Présidente de la toute jeune association Nous aussi, on a le droit…, cette Stanoise veut aider les parents confrontés au handicap de leur enfant. Un parcours qu’elle a vécu et vit intimement. Portrait.

« Nous aussi, on a le droit…, avec trois petits points à la fin, on y tient beaucoup à ces trois petits points ! » La femme qui vient de mettre les points sur les « i » et d’ajouter des points de suspension, s’appelle Fadila Laidi. Elle a 56 ans, a grandi en Algérie, rejoint la France pour des études d’économie et de gestion et vient de créer à Stains l’association « Nous aussi, on a le droit… » . Ultime précision dans ce parcours de vie très résumé, elle est la maman d’une adolescente.

Kahina a 15 ans, mais beaucoup moins dans sa tête, enfin c’est ce que disent les spécialistes de la question. Ces derniers ont statué sur le fait que la jeune fille au grand sourire était atteinte d’un handicap mental. Conséquence de ce retard, Fadila Laidi a confié une partie de l’éducation de sa fille, il y a 7 ans, à l’Externat Médico-Pédagogique (EMP) Henri-Wallon de Stains, un lieu pour les enfants qu’on dit « différents ». Mais différent de quoi ? Différent peut-être de l’indifférence dans laquelle on les laisse, différent pour les parents qui vivent une existence souvent teintée d’insensiblitité de la part des administrations qui doivent reconnaître (ou pas) le handicap de leurs enfants.

D’où l’envie de Fadila Laidi de créer pour cette rentrée des classes 2020-2021 une association « qui viendra accompagner les parents et les enfants en situation de handicap. L’idée, c’est de venir en renfort des structures qui existent déjà, de tendre la main aux parents vulnérables, aux mères seules qui se battent pour élever ces enfants que la société juge sans les connaître, alors qu’il faut juste les aimer comme ceux qu’on dit « normaux » ».

Dans ce combat, Fadila bénéficie de l’expérience et du dévouement d’Aziz Ait-Mouloud, éducateur spécialisé en poste depuis 2011 à l’EMP Henri-Wallon. Lui aussi a envie de faire bouger les lignes sur le handicap et de tendre la main aux parents désemparés qu’il côtoie au quotidien : « Si on crée cette association avec Fadila Laidi, raconte-t-il, c’est parce qu’il faut également aller vers les familles qui sont dans le déni du handicap de leurs enfants, leur apporter du soutien, de la compréhension, de l’écoute surtout. Et puis, leur faire comprendre que leur enfant est aussi riche et complexe que les autres. Moi, Kahina, je lui parle comme à une personne normale. Alors, oui, elle a un retard de langage, mais elle progresse énormément parce qu’on travaille très bien avec Madame Laidi. »

Travailler bien pour Fadila et Aziz, c’est faire en sorte de ne pas laisser de côté les enfants en situation de handicap, pour les loisirs, la culture, le sport […] « Il faut aussi, ajoute Madame Laidi, par ailleurs directrice départementale de l’association d’insertion Solidarité Jalons pour le travail, à Bobigny travailler sur l’éducation des enfants dits « normaux », qu’ils apprennent à ne pas mépriser la différence. Et c’est ce qu’on veut faire avec notre association, tout en agissant pour ouvrir un maximum d’activités à des jeunes ou moins jeunes handicapés, qu’ils puissent faire de la musique, de la boxe, de la danse[…], que les parents soient aussi mieux aidés pour avoir, parfois, un peu de répit.

Aujourd’hui, on parle beaucoup d’une société inclusive, mais les parents d’enfants différents se sentent pourtant exclus. Heureusement, que les choses bougent à certains endroits et notamment à Stains où la ville et son maire se battent et agissent sur ce terrain. »

 

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