Addiction – La prévention, c’est tous les jours de l’année

En dehors du « Défi Stanois », des actions de sensibilisation sont menées régulièrement auprès de tout type de public par les services municipaux. Depuis cette année, les classes de CM2 des écoles de la ville sont également concernées avant un grand forum organisé en juin à Jean-Jaurès.

Théâtre de clown Auguste à la Maison du temps libre autour des addictions. © Dragan Lekic

Alors que la onzième campagne du « Défi Stanois », un mois dédié à la libération de la parole autour des addictions, s’achève, les services de la ville et les associations dédiées (Centre municipal de santé (CMS), Atelier santé ville (ASV), Centre de soin et d’accompagnement et de prévention des conduites addictives (Csapa), Vie Libre) poursuivent leur engagement.

En effet, ces différentes structures interviennent notamment auprès des élèves des collèges et du lycée de la ville. Ainsi, chaque année, environ 400 élèves sont sensibilisés à ces questions.

Au CMS par ailleurs, où l’infirmière reçoit près de 400 consultations par an, une antenne du Csapa propose tout un parcours de soin adapté au profil du patient. De même, l’association Vie Libre, dont les permanences reprennent leur rythme habituel chaque mercredi, est impliquée depuis de très nombreuses années sur le terrain de la sensibilisation.

Enfin, il a été décidé à partir de cette année, d’élargir le public visé pour ce type d’action. Ainsi, des interventions en classe de CM2 sont programmées dans toutes les écoles de la ville, puisque des conduites addictives peuvent se produire dès l’adolescence (protoxyde d’azote, snus…). Un dernier temps-fort sera proposé à tous dans l’enceinte de l’école Jean-Jaurès au mois de juin (date à définir) sur le thème des addictions, impliquant tous les acteurs concernés, mais également, l’entourage des personnes atteintes par cette maladie.

Comment poursuivre le défi ?

Le mois de janvier s’achève et le challenge également… ou pas.

Si près d’un tiers des Français déclaraient vouloir réduire ou stopper leur consommation d’alcool durant ce premier mois de l’année, quelle suite à donner pour surfer sur la dynamique ? Si la tentation est grande de reprendre ses habitudes de consommations, ayez en tête que votre organisme ne régira probablement pas de la même manière après un mois d’abstinence.

Pour rappel, les seuils recommandés par Santé Publique France : pas plus de deux verres par jour et pas tous les jours.

Alors que les rechutes sont fréquentes lors du processus pour sortir de l’addiction, n’hésitez pas à vous faire accompagner !

• M.B

© Dragan Lekic

Questions à Isabelle Hainzelin, médecin addictologue au CMS

Est-ce que vous pouvez vous présenter et expliquer quelles sont vos missions ?

Je suis le docteur Hainzelin, médecin addictologue au Csapa – Centre de soins, d’accompagnement et de prévention des conduites addictives -, à l’antenne de Stains au Centre municipal de santé (CMS). Nous sommes trois, une psychologue, Véronique, l’infirmière qui est là depuis très longtemps et moi-même. Nous traitons particulièrement les addictions à l’alcool et au tabac.


Quelles sont les offres de soins proposées aux patients ?

Au CMS, le premier contact se fait avec Véronique, l’infirmière. C’est elle qui reçoit les nouveaux patients, sans rendez-vous, et qui décide en accord avec eux de la marche à suivre. Nous pouvons ensuite proposer de réaliser un check-up, puis un suivi personnalisé, au centre ou à domicile. C’est un soutien sur le long terme.

Enfin, il existe la possibilité d’un sevrage en ambulatoire ou avec une hospitalisation sur plusieurs semaines à l’hôpital De La Fontaine à Saint-Denis. Des activités sont proposées en plus du suivi médical, plusieurs fois par semaine. Les patients peuvent participer à différentes activités : psycho-expression de soi, travail sur la mémoire, art-thérapie, théâtre, méditation, etc. Nous travaillons l’image de soi, on se rend narcissique comme on dit, on retisse des liens avec d’autres. Il existe également des groupes de parole qui ont lieu toutes les semaines à l’hôpital Delafontaine.


À quel niveau de consommation détermine-t-on l’alcoolisme ?

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit que pour les hommes ce n’est pas plus de trois verres par jour, pas plus de six pendant une fête et pas tous les jours ! C’est à dire qu’il faut pouvoir s’arrêter au moins deux jours par semaine. Donc, dès l’instant où l’on boit plus que ça et qu’on ne peut pas s’arrêter dans la semaine, on commence à devenir peut être pas dépendant, mais en tout cas on a un trouble de l’usage avec l’alcool qui peut devenir nocif.


Une addiction permet de combler un manque, un mal être… Est-ce qu’il y a un dénominateur commun entre toutes les personnes qui sombrent dans l’addiction ?

C’est difficile de parler de dénominateur commun, mais en tout cas, c’est une pathologie qu’on appelle de la dépendance. Ce sont en général des personnes qui sont dépendantes affectivement, cela veut dire que l’on a quelque part un manque en soi, une difficulté au lien. En général, l’addiction c’est un peu un moyen de survie… jusqu’à ce que cela devienne vraiment délétère pour soi même.


Peut-on guérir de cette maladie ?

Dans toutes les addictions, on parle plutôt de rémission. On est abstinent depuis une certaine date et si les rémissions peuvent durer toute la vie, on sait que les rechutes sont possibles. Elles font partie du parcours de soins, ce n’est pas anormal de rechuter. Quand on a déjà connu un moment d’abstinence, un moment de mieux-être, il est plus facile d’arrêter de nouveau parce qu’on a envie de retrouver ce bien-être, sans produit.

Le plus important, c’est de sortir de son ambivalence vis à vis de l’alcool. Et puis ensuite, mettre des choses en place dans sa vie de tous les jours pour ne plus être complètement dépendant au fait de boire. C’est un long travail psychologique sur plusieurs années, pour avoir un autre rapport à son environnement et à la vie.


C’est à dire se retrouver soi-même…

Oui, c’est une bonne définition, se retrouver soi-même et puis surtout être libre par rapport au produit, de gagner en liberté. Et par conséquent de la joie de vivre.


• PROPOS RECCUEILLIS PAR MEHDI BOUDARENE

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